Il a été dégradé par de jeunes vandales lors du réveillon 2019. Le propriétaire a donc grillagé son accès...
DICTIONNAIRE ARCHEOLOGIQUE DE LA LOIRE-INFERIEURE - 1882 - (Epoques primitive, celtique, gauloise et gallo-romaine) Par PITRE DE LISLE Secrétaire général de la Société Archéologique de la Loire-Inférieure CROSSAC - Croachac -
Période celtique :
Le territoire de Crossac est découpé en plusieurs îlots, maintenant entourés de marécages par suite de l’exhaussement de la tourbe et des dépôts vaseux; mais chaque hiver les eaux reprennent leur ancienne place et dessinent encore les contours mouvementés de ces îles, qui formaient jadis de véritables points de défense, très favorables aux établissements des tribus primitives de nos contrées.
J’ai minutieusement exploré cette commune et j’y ai vu plusieurs monuments mégalithiques dont un seul, je crois, est connu. Commençons par ce dernier. Dolmen de la Barbière. — (Section C du cadastre, n°2814, dit la Gagnerie des Pierres.)
En suivant la route qui conduit de Donges à Crossac, à; 1 k. environ avant d’arriver à ce dernier bourg, on aperçoit à droite du chemin, sur le sommet d’une butte assez élevée, un magni?que dolmen dont le pro?l grandiose se détache en plein sur le ciel ; de hautes pierres dressées comme des colonnes soutiennent un énorme bloc de 16 pieds de long qui forme l’architrave de ce Parthénon celtique. Une teinte grise couvre ces roches, et tout à l’entour des ajoncs et des bruyères étendent leur tapis velouté sur les pentes du mamelon. Une petite croix de granit, taillée sans doute dans quelques débris du monument, domine cette ruine païenne et étend ses bras protecteurs au-dessus de cette tombé primitive. En m‘approchant du sommet de la butte, j’aperçus les débris d‘une allée couverte faisant suite au dolmen, et, tout à côté, une petite cella formée de quatre pierres debout dont la couverture a été abattue. Le tertre qui supporte ce monument est une éminence naturelle; mais il est très évident que l’on avait entassé au sommet un monceau de pierres brisées et de terre qui devait recouvrir le dolmen et former en cet endroit un véritable tumulus. Ces déblais sont encore en masse considérable sur le versant du nord et je ne serais point surpris que l’on trouvât, en fouillant à cette place, quelque caveau latéral protégé par ce recouvrement.
Passons maintenant à la description technique de ce beau dolmen. La longueur totale du monument, de l’est à l‘ouest, est de 12 mètres environ ; au couchant se trouve la grande crypte composée de 4 supports et de la table. Les supports ont en moyenne 1m.20 à 1m.80 de haut.
La table mesure 5 m. de long sur 2m.90 de large; elle recouvre une chambre de 2m.70 de long sur 2m.10 de large et 1m.52 de haut. Le sol est légèrement creusé au centre.
La petite chambre adjacente de 1m.80 sur 90c. était moins élevée; ses quatre piliers n’ont guère qu’un mètre de haut ; 2 blocs dont l’un mesure 2m.70 sont abattus près de là et devaient servir à recouvrir cette partie du monument. Une longue pierre brisée par le milieu et soutenue par un montant ?ché en terre marque le prolongement de la galerie.
La table est longue de 4m.95 sur 1m.50. Un autre bloc de 2m.50 est abattu au sud de cette pierre. Une légende assez récente se rattache à la pierre de la Barbière. Cette galerie couverte a servi de maison à une pauvre femme qui a vécu près de dix ans abritée sous cette roche; des talus en terre fermaient les vides qui existent entre les supports, et l’intérieur de la chambre était meublé comme une petite chaumière; on y voyait un lit, des chaises, des coffres, un rouet, etc. La bonne femme reçut là .les derniers sacrements et y mourut il y a 50 ou 60 ans. Ces faits m’ont été racontés par une fermière du village voisin, et la même version est rapportée, dans le dictionnaire d'Ogée, par M. l’abbé Albin, desservant de la paroisse, qui avait donné les derniers sacrements à cette femme sous le dolmen de Crossac.